Le blog de Danielle

Quand j'était petite dans les années cinquante, le Valais était encore une terre de catholicisme fervent. Ma grand-mère ne manquait pas une petite messe, ainsi nommait-on l'office de bon matin. Et nous, les enfants, alignés chaque dimanche pour assister à la grand-messe, plus tardive, qui permettait d'entrer dans le jour du Seigneur par un bout de grasse matinée.

"La prochaine fois j'irai voter pour les putes, j'en ai marre d'élire leurs fils". C'est en flânant sur le front de mer d'une paisible bourgade dans le Sud de la France que j'ai croisé cette profession de foi électorale imprimée en grosses lettres sur un t-shirt porté par un quidam, un vacancier entre deux-âges. Chiffon rouge de la vox populi?

Hors donc, il y a de cela quelques temps, lestée de ma valise à roulette et d'un sac de voyage rondelet, je franchis la porte de mon immeuble afin de me rendre à pied à la gare de Lyon pour prendre le TGV, comme j'en ai l'habitude. Et là, stupeur et chute de menton! Une marée humaine coule sous mon nez le long du Faubourg Saint-Antoine, en direction de la Bastille.

Au secours, à l'aide, je suis traqué par les Américains !

Il parait que j'ai fait un métier dangereux.  Un métier où il était conseillé, et même recommandé, d'avoir peur. La peur comme viatique, comme garde-fou. Jauger son environnement immédiat dans le conflit armé et accorder sa peur au niveau du danger réel pouvait faire la différence entre retrouver son lit le soir, ou pas.

"Allo, c'est toi ? Ouai, là j'ai pas le temps, ah bon, toi non plus, c'est cool, bon, on se voit plus tard, qu'est-ce que tu dis ?  La soirée chez X ? Je vais sûrement y aller, enfin je sais pas encore, je te ferai un sms, bon là il faut que je bouge, ah bon ?