Les zazies de Chris Marker

Elles sont 200, rassemblées sur les murs de l'exposition du Palais de l'Archevêché, à Arles. Sans cadre, car elles sont en route, dans le mouvemement du métro parisien. Chacune saisie dans la simplicité de sa solitude passagère, de passagère.

 


Un wagon de métro c'est un regroupement très provisoire de vies privées. Bizarrement,  tous ces quant-à-soi dégagent une atmosphère unique, soutenue par l'esthétique du métro, les quais, la lumière, les affiches. C'est que chacun, assuré de son anonymat, abandonne un peu le masque social. La fatigue, la lassitude, la rêverie, le souci, l'attente, la joie se lisent  sur les visages mieux que dans la rue ou d'autres lieux publics.


Chris Marker a volé chacune de ses photos, c'est-à-dire qu'il n'a pas demandé l'autorisation à ses modèles et qu'il les a même photographiées sans qu'elles s'en rendent compte. D'où l'étonnant accent de vérité que dégage chaque cliché. Il s'est bien gardé de nous révéler son truc. Il dit seulement qu'au début il a photographié avec une montre, à la James Bond ! Selon lui, sa démarche se différencie fondamentalement de celle du papparazzi car ce qu'il cherche à capter c'est l'humanité de ces personnes. Il y parvient magnifiquement, à mon avis.

Outre la beauté émouvante de ces photos qui redonnent tout son sens au mot instantané, c'est un travail qui se positionne à contre-courant du respect actuel, un brin hystérique parfois, du droit de chacun à sa sphère privée. Chris Marker a privilégié notre commune humanité plutôt que notre irréductible séparation.

Allez voir son site :

http://www.chrismarker.org/

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