Les remake du Journal d'une Femme de Chambre

On peut les appeler comme on veut, Femmes de Ménage ou Femmes de Chambre. Aujourd'hui l'une d'elle porte aussi le nom de Femme de Peine.

Dans le grand Festival de Kahn ( merci le Canard ) qui bat son plein, un des films nominés raconte l'histoire d'une de ces femmes, qui travaille dans un grand hôtel et se trouve projetée dans la Haute Politique en balançant d'un seul coup de plumeau un Puissant Colosse dans la corbeille à papier de l'Histoire. Elle dit : " Je ne pouvais pas me douter, j'ai vu un cochon sortir de la salle de bain et les bêtes ne sont pas autorisées dans les Suites; en plus il était dangereux, il m'a salement attaquée, j'ai finalement réussi à m'enfuir ". A la fin du film, le spectateur ne sait pas si c'est du lard ou du cochon.

Il y a un autre film en sélection officielle qui raconte l'histoire d'un monarque caché, fourbe et machiavélique, qui voulait faire tomber le Puissant Colosse avant qu'il ne devienne Président de tous les français. Ou alors, qui voulait faire tomber le PC ( Puissant Colosse ) pour des raisons de Haute Finance qui m'échappent et à vous aussi. Pour réaliser son noir dessein, il soudoya une Femme de Chambre pour qu'elle ne se contente pas d'allumer les loupiotes de la Suite. Le piège était imparable car nul n'ignorait que le PC avait toujours sur lui une lampe de poche prompte à l'allumage. Son contrat honoré, la Mata Hari des acariens courut dénoncer le SM ( sus-mentionné ) auprès de la maréchaussée. A la fin, le spectateur est laissé dans le doute : qui est le Commanditaire ? L'infâme de chambre était-elle vraie ou fausse ? A mon avis, ce n'est pas le scénario le mieux ficelé, mais les histoires de complot rencontrent toujours un certain succès populaire.

Un troisième film en concours raconte l'histoire d'une Femme de Chambre ( le Festival est assez limité dans ses thèmes cette année ) adepte de la gaudriole, qui cède volontiers aux charmes de ces messieurs de passage à l'hôtel, un petit quicky entre deux coups de torchons, pour dire. Dans ce film-là, la FdC est une fieffée tricheuse qui, après s'être donnée du bon temps, s'en va crier au loup dans les couloirs de l'hôtel. A la fin du film le spectateur est laissé avec cette interrogation : savait-elle ou ne savait-elle pas QUI était le sémillant tombeur de la Suite ? Dans cette version on insiste lourdement sur le fait que cette femme est noire, mère célibataire, que son frère n'est pas son frère et qu'elle habite le Bronx, un quartier où ni vous ni moi n'aurions l'idée de nous établir.

J'ignore pour lequel de ces films le Grand Jury du Festival de Kahn rendra son verdict.

J'apprends en dernière minute qu'un scénario de plus est en préparation. Dans cette future version "gore"  on se moque bien de savoir quel rôle aura véritablement joué la Femme de Chambre dans l'histoire de la chute du Grand Colosse. Le film mettra en scène une chasse impitoyable et censément palpitante : le passé de la dame sera disséqué, mouliné, scruté à la loupe extra grossissante et déformante. Et ce sera bien le diable si on ne trouve pas qu'elle a piqué une paire de bas au supermarché du coin à l'âge de 17 ans, et aussi, eureka, qu'elle a eu plus d'un amant. Cela prouvera que le témoignage d'une telle personne ne pèse pas une plume de plumeau face à la mondiale stature du Grand Colosse. La Production, qui a de gros moyens, aurait déjà dépêché tout azimut et même vers la lointaine Afrique ses limiers les mieux dressés.

De cette production cinématographique de série B je vous livre les considérations désabusées que voici : d'abord, les Femmes de Chambre, les Femmes de Ménage et les Femmes de Peine sont certes des allumeuses, mais  d'aspirateur, de fer à repasser et de machine à laver. Ensuite, si elles peuvent déclencher des tempêtes planétaires, ce n'est pas parce qu'elles font le ménage, tâche qui appartient aux SG ( Sans Grade ) de ce Monde, mais parce qu'elles sont Femmes. Et les femmes c'est de la dynamite dans une chambre d'hôtel, ça fait tout de suite penser à des trucs, phantasmer quoi, faut comprendre, sont pas de bois les bonhommes.

Une solution lumineuse s'impose donc : réservons désormais grattoirs, balais et serpillères aux seuls hommes et la République sera sauve.

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