PARIS BITUME. Bribes et fragments en hommage à Benjamin Péret

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Jadis les plumes des nuages s’envolaient / si loin que nul navigateur / malgré la pluie de suie et les oeillades des nègres / ne les pouvait saisir comme un coquillage amoureux
Jadis les plumes des nuages s’envolaient / si loin que nul navigateur / malgré la pluie de suie et les oeillades des nègres / ne les pouvait saisir comme un coquillage amoureux
Le cheval le plus vrai / n’est jeune qu’un moment / mais toi / toi je te retrouve / dans les rues du ciel / dans les pattes des homards / dans les inventions sauvages
Le cheval le plus vrai / n’est jeune qu’un moment / mais toi / toi je te retrouve / dans les rues du ciel / dans les pattes des homards / dans les inventions sauvages
J’ai un poil dans la tête / Il n’y en a pas autant dans la carafe / J’ai une mouche dans le nez / il y en a deux dans la calèche / Tournez tournez la roue / pour hisser les mendiants au sommet des cheminées
J’ai un poil dans la tête / Il n’y en a pas autant dans la carafe / J’ai une mouche dans le nez / il y en a deux dans la calèche / Tournez tournez la roue / pour hisser les mendiants au sommet des cheminées
La fumée s’échappe de ton coeur / et ce n’est pas celle d’une maison blanche dont les volets sont clos à cause de la nuit
La fumée s’échappe de ton coeur / et ce n’est pas celle d’une maison blanche dont les volets sont clos à cause de la nuit
Je n’ai qu’un œil et deux cerveaux / et vous comment va votre oreille
Je n’ai qu’un œil et deux cerveaux / et vous comment va votre oreille
Il y a dans l’air un coup de revolver / tout seul / tant mieux / qui pleure / qui danse / et ainsi de suite
Il y a dans l’air un coup de revolver / tout seul / tant mieux / qui pleure / qui danse / et ainsi de suite
Le cœur dépouillé jusqu’à l’aorte / se déplace de l’est à l’ouest
Le cœur dépouillé jusqu’à l’aorte / se déplace de l’est à l’ouest
Longues moustaches et larmes d’hydrogène / voilà l’animal féroce qui désole les mécaniques
Longues moustaches et larmes d’hydrogène / voilà l’animal féroce qui désole les mécaniques
conduisez la reine et son miroir / car la reine n’a pas de bateaux / la reine n’a pas d’aiguille / la reine n’a pas de miroir
conduisez la reine et son miroir / car la reine n’a pas de bateaux / la reine n’a pas d’aiguille / la reine n’a pas de miroir
je vous attends dans l’ombre que vous connaissez / pour vous confier des secrets qui vous donneront à réfléchir
je vous attends dans l’ombre que vous connaissez / pour vous confier des secrets qui vous donneront à réfléchir
En traîneau sur la Neva / je glisse translucide / entouré d’hippocampes blancs / Petit cul pâle / que viens-tu faire ici
En traîneau sur la Neva / je glisse translucide / entouré d’hippocampes blancs / Petit cul pâle / que viens-tu faire ici
Et j’attendais dimanche / mais dimanche ne vint jamais / et je restai dans le fond de la cheminée / comme un arbre égaré
Et j’attendais dimanche / mais dimanche ne vint jamais / et je restai dans le fond de la cheminée / comme un arbre égaré
J’ai serré la main d’un idiot / et un myosotis pousse dans ma main / c’est qu’il fait chaud comme dans une conduite de gaz / où les hirondelles passent sans se retourner
J’ai serré la main d’un idiot / et un myosotis pousse dans ma main / c’est qu’il fait chaud comme dans une conduite de gaz / où les hirondelles passent sans se retourner
As-tu vu la liberté / Elle couche avec l’égalité / Vilaine va
As-tu vu la liberté / Elle couche avec l’égalité / Vilaine va
En avant disait l’arc-en-ciel matinal / En avant pour les soupiraux de notre jeunesse / Nous avons éclaté / et tout ce qui était bleu est resté bleu
En avant disait l’arc-en-ciel matinal / En avant pour les soupiraux de notre jeunesse / Nous avons éclaté / et tout ce qui était bleu est resté bleu
et je vous attends au bord de la figure VII / où les anneaux de mes yeux s’enchaînent comme des fleurs / où le bruit de mes pas croît comme une catapulte
et je vous attends au bord de la figure VII / où les anneaux de mes yeux s’enchaînent comme des fleurs / où le bruit de mes pas croît comme une catapulte
c’est grâce à vous que la nuit est plus blanche que l’ombre / et se revêt des robes ajourées de la montagne
c’est grâce à vous que la nuit est plus blanche que l’ombre / et se revêt des robes ajourées de la montagne
Attendre sous le vent et la neige des astres
Attendre sous le vent et la neige des astres
Les hiboux du bon dieu / n’ont pas de fesses / pas de fesses et pas de malheurs / Ils vivent avec les lapins / et les bas de laine / l’été
Les hiboux du bon dieu / n’ont pas de fesses / pas de fesses et pas de malheurs / Ils vivent avec les lapins / et les bas de laine / l’été
Il fait un soleil de chien / et la houle secoue les montagnes / maintenant que les montagnes / nagent sur une mer de lumière /
Il fait un soleil de chien / et la houle secoue les montagnes / maintenant que les montagnes / nagent sur une mer de lumière /
Je m’en irais dans la jungle des rois mages / sans bottes et sans caleçon / comme un ermite / et il y aurait sûrement un grand animal / sans dents / avec des plumes / et tondu comme un veau / qui viendrait une nuit dévorer mes oreilles
Je m’en irais dans la jungle des rois mages / sans bottes et sans caleçon / comme un ermite / et il y aurait sûrement un grand animal / sans dents / avec des plumes / et tondu comme un veau / qui viendrait une nuit dévorer mes oreilles
J’y cours / où courez-vous / Nulle part / Moi aussi / Alors
J’y cours / où courez-vous / Nulle part / Moi aussi / Alors
La crue du fleuve prédispose ses rives obscures / aux plus obscurs désirs
La crue du fleuve prédispose ses rives obscures / aux plus obscurs désirs
Il avait eu le temps de mourir / et le loisir de fumer / et c’était cette fumée qui montait de la terre vers les nuages
Il avait eu le temps de mourir / et le loisir de fumer / et c’était cette fumée qui montait de la terre vers les nuages
La robe de sang de la danseuse / tombe sur les pieds / du monsieur son amant
La robe de sang de la danseuse / tombe sur les pieds / du monsieur son amant
Le pirate est un homme de taille / qui envie les arbres à cause de leurs oiseaux / et roule sur les dunes comme une pierre à fusil / Il attend sur le rocher sévère / debout au milieu des merveilles / que la main s’éloigne comme la terre du navire qui la fuit
Le pirate est un homme de taille / qui envie les arbres à cause de leurs oiseaux / et roule sur les dunes comme une pierre à fusil / Il attend sur le rocher sévère / debout au milieu des merveilles / que la main s’éloigne comme la terre du navire qui la fuit
Les uns partirent à la recherche de la fleur / qui n’éclôt qu’à la bonne époque chez les femmes parfaites / les autres voulaient faire un caillou / avec du sang et des larmes
Les uns partirent à la recherche de la fleur / qui n’éclôt qu’à la bonne époque chez les femmes parfaites / les autres voulaient faire un caillou / avec du sang et des larmes
Alors dieu me dirait / tu es un saint parmi les saints / tiens voici une automobile
Alors dieu me dirait / tu es un saint parmi les saints / tiens voici une automobile
L’enfant était sale / et aimait les puits des châteaux / pour y jeter ses lanternes / qu’il appelait des soleils / quoiqu’elles fussent éteintes
L’enfant était sale / et aimait les puits des châteaux / pour y jeter ses lanternes / qu’il appelait des soleils / quoiqu’elles fussent éteintes
Veux-tu me dire pourquoi / tu veux rester tranquille / Ah ça ne me regarde pas et toi non plus
Veux-tu me dire pourquoi / tu veux rester tranquille / Ah ça ne me regarde pas et toi non plus

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Description

Benjamin Péret est un poète. La poésie coule par tous les pores de son coeur et de son cerveau, un jaillissement de joie et de douleur. Compagnon des surréalistes, homme engagé, communiste d'abord, anarchiste ensuite, guerre de 14 presque gamin, guerre d'Espagne plus tard... la vie, la mort, la violence, il en sait long. Ses mots sont lestés de tout leur poids et pourtant ils sont nouveau-nés.

J'ai eu envie de lui rendre hommage à travers mes fragments de rues et de trottoirs parisiens et d'y joindre des bribes des ses poèmes, grapillées dans " Le Grand Jeu ", paru en 1928, première édition, chez Gallimard.